Faire vivre ensemble et en bonne harmonie un chien et un chat est le rêve de nombre d’entre nous. Mais voilà, comme dans les cartoons américains, les chiens et les chats ont plutôt tendance à se comporter en frères ennemis. Est-il possible de réussir malgré tout ce pari ? Oui, à condition de bien s’y prendre.
Ces deux espèces vivraient-elles ensemble sans la volonté de l’homme à les faire cohabiter ? Certainement pas, car de nombreux points les opposent. Il existe très peu de données scientifiques sur le comportement des chiens et des chats entre eux, mais l’observation et l’expérience permettent d’établir quelques faits.
Leurs modes de communication sont si différents qu’il leur est difficile de se comprendre. Le battement de queue du chien indique à un congénère envie de jouer ou approche amicale ; chez le chat, au contraire, il signifie agacement et mise en garde. Le chat n’a pas de posture de soumission, couché sur le dos, il invite au jeu ou adopte une position de défense ; le chien interprétant cette posture comme une éventuelle soumission se fait à coup sûr recevoir par les griffes du chat. L’un et l’autre sont des prédateurs, le chat chasse la souris, le chien chasse le lapin. S’il semble logique que le chien chasse le chat, on a déjà vu un chat exercer ses talents de prédateur sur un chiot de toute petite race au point de l’envoyer aux urgences vétérinaires. Un travail avec le Comportementaliste chat et chien a fait rentrer les choses dans l’ordre.
Le territoire du chien dans la maison se trouve au sol et parfois sur les canapés. Celui du chat occupe les trois dimensions puisqu’il a la possibilité de trouver refuge en hauteur. Le chat marque son territoire par griffades et dépôts de phéromones par frottements. Ces marquages sont également adressés au chien ami de la maison. Le chien, lui, ne marque pas son territoire, il lève la patte ou défèque pour des raisons sociales ou sexuelles.
Le chat reconnaît le chien ami à son odeur. Il peut communiquer par différents miaulements et vocalises mais aussi par postures et mimiques, nez à nez, allomarquage, léchage mutuel. Il existe de telles différences entre les chiens des diverses races que le chat le perçoit comme un individu plutôt que comme une espèce. En effet, comment pourrait-il conceptualiser les différents gabarits, de deux à cent kilos, et comprendre que ces animaux si différents sont tous des chiens ? Pour le chien, la difficulté est moindre, car, mis à part les chats sans queue, ils se ressemblent tous plus ou moins.
Malgré tout, nous demandons à nos compagnons félins et canins de s’adapter l’un à l’autre. Une aventure qui présente des risques de blessures plus ou moins graves, voire fatales. Mais une bonne préparation augmente considérablement les chances de réussite.
L’idéal est de se faire aider par un professionnel pour le choix et l’arrivée du nouvel arrivant.
Il est fortement recommandé d’estimer le degré de familiarisation des deux animaux à l’autre espèce, le seuil d’homéostasie de chaque animal, et la capacité d’adaptation de chacun.
Ce n’est donc pas la race ou le gabarit qui doivent être retenus pour le choix d’un chien, mais bien le comportement de l’individu. En effet, un chien de grande taille peut se montrer calme et doux et un petit chien très excité par la présence du chat.
Il en est de même pour le choix du chat, il n’existe pas de race idéale pour réussir une cohabitation, il s’agit de choisir un individu qui aura les capacités requises et optimales pour s’assurer un grand taux de réussite dans la future cohabitation.
Pour le chat, le chien et l’homme sont des prédateurs potentiels qu’il faut éviter. C’est donc dans les premières semaines de vie du chaton que tout se joue, l’éleveur doit permettre une bonne familiarisation à l’humain durant la période située entre le neuvième jour et la neuvième semaine de vie. Au cours de cette période, il faut lui présenter des personnes très différentes, sexe, âge, couleur de peau, silhouette. Dans le même temps, on doit aussi lui présenter des chiens de différentes tailles et morphologies.
Cette familiarisation n’est cependant pas garantie à vie ; pour cette raison, il faudra entretenir la mémorisation des espèces amies en ravivant régulièrement la mémoire du chat, durant sa vie adulte. Cet entretien n’est pas toujours réalisable car il faudrait organiser des rencontres avec des chiens parfaitement familiarisés à l’espèce féline. Mais cette familiarisation peut se limiter à un contexte donné, il n’est pas rare de voir chien et chat cohabiter dans la maison et le chien reprendre ses instincts et courir après le chat dès qu’ils se croisent dans le jardin. À l’arrivée du nouvel animal dans la maison, l’attitude des propriétaires, les mises en situations bien organisées et correctement menées parce que bien guidées par le professionnel auront un rôle essentiel dans la réussite de cette cohabitation.
Il y a des règles élémentaires à connaître et respecter.
Il faut laisser le chat poser ses limites et ne jamais le forcer à un contact, c’est lui qui donnera le rythme à la progression de cette cohabitation, essayer de forcer les choses en l’obligeant à être près du chien ou se laisser sentir par le chien ne fera qu’envenimer la situation. Afin que le chat puisse se reposer, dormir et exercer sa toilette sans stress, il faut lui laisser la possibilité de s’isoler dans des refuges en hauteur et des pièces inaccessibles au chien. Par précaution, mieux vaut épointer ses griffes.
Imaginant que cela va les rapprocher, les propriétaires sont parfois tentés d’installer les gamelles du chat à proximité de celles du chien. C’est une erreur, un chat au sol se sent vulnérable ; d’autre part, le chien peut se montrer agressif pour défendre une gamelle même vide. Afin d’apporter tranquillité et sérénité au chat, il est conseillé de déposer ses gamelles en hauteur.
Que les propriétaires du chien aient instauré un bon mode relationnel avec leur animal leur permettra d’avoir un contrôle sur lui, mais ils ne doivent pas oublier que le chien qui cohabite avec le chat de la maison n’aura pas le même comportement avec les autres chats ; tolérer le chat de la maison ne veut pas dire tolérer tous les chats !
Malgré une bonne préparation, il ne faut pas oublier qu’avec tout être vivant rien n’est jamais garantie à 100 %, durant toute la durée de la cohabitation, des risques existent. Les apprentissages sont parfois longs, il ne faut donc pas être trop pressé ni pressant et exiger une entente parfaite. Certains animaux s’ignoreront, d’autres se rapprocheront, à chacun ses affinités et à chacun son rythme.
Nous accordons très souvent des sentiments humains à nos chats, cependant, sachez que votre chat ne peut pas ressentir de jalousie. En revanche, l’irruption d’un autre animal dans son espace familier a chamboulé son état émotionnel, l’urine déposée est peut être liée à une situation de stress. En effet, les déjections représentent un mode de communication (olfactive et visuelle) pour le chat, mais aussi une façon d’évacuer un stress.
Un Comportementaliste peut vous aider à régler ce problème, toutefois, avant son intervention, il convient de consulter votre vétérinaire afin d’écarter tout problème de santé qui pourrait expliquer ce comportement. Si tout va bien, le Comportementaliste se déplacera à votre domicile afin d’observer le contexte de vie et le relationnel établi avec le chien. Cet entretien durera 2 heures et permettra la mise en place d’un travail personnalisé.
Le Comportementaliste chat et chien vous accompagnera pour une bonne cohabitation car il connaît les besoins du chat, mais aussi ceux du chien. L’organisation du contexte de vie sera revu : l’emplacement et le type de bac à litière, des gamelles, des refuges en hauteur indispensables pour le chat, du lieu de couchage du chien afin de limiter le stress pour les deux animaux. Il vous aidera à avoir une bonne lecture de leur comportement afin de pouvoir anticiper certaines situations. Les différentes mises en place amèneront le chat à ne plus produire de malpropreté. Il n’existe pas de petites recettes miracles mais revoir l’ensemble complet d’un système permet le plus souvent de retrouver une cohabitation harmonieuse.
Article écrit par Sandrine OTSMANE – Educateur canin diplômé d’état & Comportementaliste Certifiée Chien et Chat– Spécialiste des relations Homme/Animal diplômée de l’Université La Sorbonne