Chats et instruments de musique...
Curieusement, ce n’est que très tardivement (début 20ème ) semble-t-il, qu’on a eu l’idée d’utiliser un instrument de musique précis pour représenter et caractériser un animal.
En ce qui concerne le chat, il apparaîtrait que ce soit le timbre de la clarinette qui ait remporté l’adhésion des compositeurs.
L’exemple le plus connu dans ce domaine est sans doute « Pierre et le loup » de Prokofiev.
Cette oeuvre a connu dès sa création un immense succès dans le monde entier. Succès mérité car même si ce conte musical a été composé au départ pour un jeune public, il n’en contient pas moins de nombreuses richesses.
Partition raffinée où se côtoient un certain classicisme (thème de Pierre) et langage moderne (parfois même polytonal ). Chacun des thèmes sont parfaitement définis et peuvent se superposer de manière très habile, ne gênant jamais le suivi de l’histoire.
Le principe est simple : chaque protagoniste est représenté par un (ou plusieurs ) instrument(s) :
- l’oiseau par la flûte
- le canard par le haut-bois
- le loup par 3 cors d’harmonie
- Pierre, par le quatuor à cordes
- et bien sûr, le chat par la clarinette, dans son registre grave.
Mais il n’est pas très glorieux notre chat dans cette histoire ! Il apparaît « rampant dans les hautes herbes », tout sournois. Son seul but : croquer un bien mignon petit oiseau perché en haut de l’arbre. Mais voilà que survient le loup et la clarinette s’emballe. C’est que le chat, perdant un peu de sa superbe, s’est réfugié en haut de l’arbre, ... à quelques branches de l’oiseau tout de même ! Il n’en bougera plus, devenant simple spectateur. Eh ! ce n’est pas lui le méchant de l’histoire mais bien le loup. Ironiquement, c’est l’oiseau qui aidera Pierre à capturer le loup en détournant son attention. Notre chat est bien trop malin pour prendre des risques !
Il ne nous a bien sûr pas échappé que toute l’oeuvre porte la marque la marque de l’humour caractéristique de Prokofiev. D’ailleurs, traditionnellement, la « musique de chat » revêt souvent un caractère comique.
Pourtant, ce n’est pas toujours le cas. On l’a déjà vu chez Ravel. En voici un autre exemple, moins connu, avec les « Berceuses du chat » de Stravinsky. Il s’agit d’une suite de 4 petite mélodies pour mezzo-soprano (la mère) et 3 clarinettes (l’enfant, la chatte et les chatons). Encore une fois, ce sera donc cet instrument qui représentera le chat. Mais oublié le comique de notre félidé un peu poltron de « Pierre et le loup ». Ici, il prend un caractère d’une douillette intimité. Et nous retrouvons notre chat de maison, comme nous le connaissons bien, parfois tendre, parfois malicieux, omniprésent mais jamais envahissant.